Kulture Galerie : quand la musique rencontre les arts visuels

Au départ, le projet Kulture Galerie a débuté comme une simple série de mixes et d’émissions de radio conçus par le duo londonien Metropolitan Soul Museum. Le concept de l’émission est d’inviter des artistes d’horizons musicaux différents et de leur offrir un espace pour jouer des morceaux à écouter à la maison (plutôt qu’une sélection club), le tout en essayant de conceptualiser à chaque fois leur mix autour d’un thème, d’influences musicales ou d’une culture.

Cette série d’émissions de radio Kulture Galerie se voit désormais déclinée sous un autre format : une série de compilations. Le premier volume débarque avec la bien nommée « Kulture Galerie Year 1 » que nous présentons à travers cet article. La compilation en question regroupe tous les artistes de l’année passée qui ont travaillé sur les mixes ou sélections thématisées des émissions de radio.

« Kulture Galerie Year 1 » est donc la première itération de cette série de compilations et comprend 6 titres produits par les premiers invités de la série : HRZL (Herzel, de Hivern Discs, Uncanny Valley), Deeprhythms, Aspetuck, Adam Stromstedt, K-Dallas sous son pseudo Exo Ghost et enfin un titre original de Metropolitan Soul Museum.

Afin de présenter cette sortie, et pour rester dans le thème du projet très conceptuel et artistiquement un poil perché, nous avons demandé à tous les artistes de la compilation de choisir une œuvre d’art pictural qui reflète ou traduit visuellement le morceau qu’ils ont conçu pour la compilation. Il peut s’agir d’une photographie, d’une peinture, d’une illustration, d’une création numérique, d’une sculpture ou encore d’une installation.

La sélection est assez diversifiée et met notamment en lumière des photographies ainsi que des peintures impressionnistes et surréalistes. Vous pouvez la découvrir ci-dessous, avec quelques commentaires des artistes parfois assez argumentés qui arrivent très bien à faire le lien entre les œuvres choisies et leur musique.

« The New Industrial Parks (Les Nouveaux Parcs Industriels) est une série de photographies en noir et blanc qui date des années 70. Réalisées par l’artiste Lewis Baltz, ces photos soulèvent des questions assez vastes, culturelles, presque philosophiques, sur les zones industrielles dans le paysage urbain et notre perception de celles-ci. En concentrant son attention sur le familier, Baltz a créé une œuvre puissante dans son approche photographique très critique vis-à-vis de l’environnement bâti.

Ce concept de constructions, ce jeu de surfaces et de textures dans la composition, est une énorme source d’inspiration et une ligne directrice dans mes travaux sur la musique abstraite et de synthèse. Cette tension entre le sujet et la beauté formelle de la composition photographique a une vraie résonance et donne une vraie puissance au son lui-même, quand on essaye de traduire ça musicalement. » – HRZL

« J’ai choisi une photo au lieu d’une peinture parce que je suis photographe et donc forcément… ma musique est très liée à la photographie. Je trouve que ces deux processus créatifs se complètent vraiment bien. J’utilise souvent mes propres photos comme artwork pour ma musique et quand je fais de la musique j’ai souvent tendance à rêvasser visuellement. Écouter et/ou penser à de la musique a aussi tendance à m’inspirer dans ma photographie.

Je suis tombé sur la photo que j’ai sélectionnée il y a quelques mois. Elle est réalisée par un artiste nommé Eduard Sánchez Ribot que je ne connaissais pas du tout avant de découvrir cette photo. Ce qui m’a vraiment marqué, c’est qu’elle ressemble à quelque chose de très abstrait, comme une peinture. Si vous ne vous attardez pas sur cette photo pour la contempler, vous ne savez pas vraiment comment elle a été prise. C’est ce que j’aime le plus dans la photographie. En fait si on regarde bien, je pense que c’est juste la main du photographe devant l’objectif qui crée cette grosse tache orange, mais le ton de la couleur, le mouvement et la profondeur de champ transforment quelque chose d’évident en quelque chose de beaucoup plus intéressant qui fait écho en moi.

C’est quelque chose que j’essaie d’atteindre avec ma musique : des ambiances abstraites, des textures, des sensations, des mondes dans lesquels se perdre. C’est ce qui s’est produit – au moins pour moi – avec mon titre « Where’s My Waterbottle ». Il y a beaucoup de sons un peu barrés et très atmosphériques avec une stéréo qui englobe et vous ne savez pas vraiment où le morceau va vous emmener. Quand je l’écoute, ça me transporte dans un endroit calme, méditatif, au même titre que lorsque je regarde cette photo. » – Aspetuck

« Le titre de l’œuvre est assez équivoque. » – Adam Stromstedt

« Si mon morceau était une peinture, ce serait cette œuvre de l’artiste Mary Hayes. C’est un genre de fantôme un peu cute, à l’instar de la musique que j’ai composée pour la compilation. Tu sais, c’est le style de fantôme qui te taquine à la maison, qui allume et éteint les lumières, ou qui cache les clés de la voiture quand t’es pressé. Le son un peu envoûtant qu’on entend dans mon morceau provient de mon vieux Roland Alpha Juno… et il a l’air aussi délavé que le fantôme dans le tableau. » – Exo Man

« Je trouve qu’il y a quelque chose de très nostalgique dans la série de peinture Les Meules de Monet. Cette sensation, cette pointe de nostalgie est aussi présente par certains aspects mélodiques dans notre morceau. Le tableau que nous avons sélectionné est une source d’inspiration et me procure un vrai sentiment de repos quand je le regarde. » – Metropolitan Soul Museum